- La rose et le buisson.
- Sŭr să tǐge ĕpĭneūse, ūne rōse nāissānte,Aīnsĭ qu'ūne beǎuté, jěune, vīve ĕt toŭchānte,S'ēlĕvoĭt ă l'ăbrĭ d'ŭn bŭissŏn prŏtĕcteŭr,Et dŭ sŏlĕil jămaīs n'ĕprŏuvŏit lă rĭgueŭr.Ignoré, māis heŭreūx, ce bouton solitāireOuvroĭt son sein pourpré soūs l'ōmbre tŭtélaīre,Impǎtient déjà d'étaler sa beǎuté:Pourquoi me retiēns-tu dāns la captivité,Dit l'arbǔste orguĕilleūx à l'enceīnte épineūse?Jĕ doīs, rēine dēs fleūrs, ētre la plūs heŭreūse.La fille du printēmps, condāmnēe aūx soupīrs,Pāsseroĭt soūs ton joug la sāison dēs plaǐsirs!Le buĭsson lui repart, d'un ton doūx, māis sévěre:J'attendoīs de mēs soīns un plūs jǔste sălaīre.Si le sŏleĭl brūlănt rĕspěcte tă frǎicheŭr,Et si dēs aquilōns tu brǎves la fŭreŭr,De mon zěle assidu, n'ēst-ce pās là l'ouvrǎge?Et mēs bienfaīts pour toi sont payēs par l'outrǎge?Rĕprĭme ton murmūre, arbǔste ingrat, crōis-moi;Lēs heǔres du plǎisir n'ont pās sonné pour toi.Souvent pour son mălheur, la jĕuněsse indocǐleS'obstǐne à repŏussĕr l'ăppŭi le plūs ŭtǐle.Le bel āge où tu vīs ēst celui du printēmps;Māis s'il a sēs zēphīrs, il a sēs ouragāns.L'orgueilleūx arbrisseǎu s'ăigrĭt de la censūre;S'il se tăit par dépit, en secret il murmūre.Lōrsque le villageois, qu'appěllent sēs travāux,Vient dēs ǎrbres touffūs émonder lēs rameāux;Il menǎce déjà le gardien fidělle;ĕt la rōse sourĭt quand le buisson chancělle.Il tǒmbe soūs lēs coūps de l'instrument fatal.Le bouton au soleil oūvre un sein virginal.Dāns leūrs chānts lēs oiseāux exprǐment leur hommǎge.Lēs zéphīrs du mătin agǐtent son feuillǎge;Le rōsier, dāns lēs aīrs, balancé mǒllĕmĕnt,Répond au rossignol par son frémǐssement;L'aŭrōre l'emběllit de sēs pěrles liquǐdes.Māis, Dieu! cǒmme l'éclair lēs plǎisīrs sont rapǐdes;La chenǐlle, de loin, voit la rēine dēs fleūrs,Accourt, rǒnge sa tǐge, ĕt fǎne sēs couleūrs;ĕt de l'ǎstre du jour la chaleur dévorānteA déjà fait tomber sa tēte languissānte:ělle réclǎme en vain, à son dernier moment;De son fidělle ami le secoūrs bienfaisant.ō toi, qui, par les soīns d'ǔne pruděnte měre,Coǔles tes premiers āns soūs un joug salutaīre,Défēnds, jeǔne beǎuté, le murmūre à ton cœur,Et du bouton nāissant évǐte le mălheur.
Dictionnaire grammatical du mauvais langage. Étienne Molard. 2014.